Témoignage – Stephan – 35 ans

TEMOIGAGNES

Stephan / 35 ANS / France, Rhône AlpesMon bredouillement en quelques exemples  ?

Voici quelques exemples qui illustrent mon bredouillement :

 “J’ai parfois l’impression que je parle sans savoir où je veux aller. C’est comme si ma bouche prenait le contrôle. Du coup, je me perds dans mes explications. Il m’arrive aussi de dire un mot qui n’est pas celui que j’avais prévu de dire initialement.” 

“Dans certaines situations, comme raconter une histoire, Il est très difficile de contrôler le débit des mots, le rythme, les pauses… J’ai comme une sorte d’impulsivité qui me pousse à vouloir en placer une à tout prix et de vite raconter mon histoire. Je peux lire dans les yeux des gens quand ils n’ont pas compris. Ils me demandent aussi simplement de répéter.” 

“Lors d’une conversation, je peux parfois sentir quand un mot ou une phrase va être difficile à prononcer. J’évite ce problème en changeant de mots ou parfois en changeant l’ordre des mots de ma phrase et hop, affaire réglée. Par contre, si je n’arrive pas à anticiper, je répète mes phrases quand je sens qu’elles ne sont pas bien articulées.” 

“J’ai toujours eu d’excellentes notes lors des présentations devant mes camarades de classe. Ils me trouvaient très clair. Par contre, j’étais beaucoup moins clair lors des répétitions de ces mêmes présentations devant un ami par exemple. Inconsciemment, lorsque c’est le jour j, je pense pouvoir me concentrer naturellement.”

“Lorsque je veux argumenter ou expliquer quelque chose, j’ai souvent du mal à mettre en place rapidement mes idées et surtout de les expliquer comme je voulais le faire initialement. J’ai souvent l’impression que je n’arrive plus à faire appel à mes connaissances de base et ma mémoire. Du coup, j’utilise un vocabulaire très pauvre et j’affirme des choses imprécises.  C’est pour moi ce qui me frustre le plus.”

“Mon écriture manuscrite n’est objectivement pas très belle. Il est rare que je ne fasse pas de rature. De point de vue général, lorsque j’écris (manuscrit ou non, j’oublie ou je rajoute des mots dans mes phrases et je fais énormément de fautes d’orthographes bêtes, souvent d’inattention. Lorsque je me relis, je prends peur des fois :)”

Aux sources du trouble

Après un grand travail sur moi-même, je peux maintenant dire que mon bredouillement est apparu vers l’âge de 13-14 ans. J’ai longtemps pensé que le déclencheur était le divorce de mes parents qui a eu lieu à la même période. Aujourd’hui, je pense plutôt que c’était lié à l’entrée dans le monde de l’adolescence. Même si je n’avais aucun souci d’intégration à cette époque, cela reste tout de même une période délicate où notre image prend une valeur plus importante et où nous devons assumer plus de responsabilités. A noter que je devais bien entendu posséder des prédispositions au bredouillement. Il est prouvé aujourd’hui que le bredouillement à une composante héréditaire. En effet, si quelqu’un de votre famille possède un trouble de la parole, cela peut augmenter vos chances de bredouiller.

Dans mon cas, j’ai effectivement deux membres de ma famille qui ont des petits troubles de fluences (débit rapide et bégaiement léger). Durant mon adolescence, j’ai d’abord commencé à avoir un débit assez rapide et incontrôlé sur certaines phrases et ensuite des problèmes d’articulations sur certains mots. Certains amis me charriaient en me disant “articule, on comprend rien”. A cette époque, cela ne me dérangeait pas spécialement et je parlais sans aucune gêne. Après quelques années et remarques, cela commençait à me préoccuper un peu plus. Je ne comprenais pas pourquoi ce problème apparaissait de manière aléatoire. C’est seulement une quinzaine d’année après la naissance estimée du trouble, à l’âge de 28 ans que j’ai réellement commencé à chercher des solutions. A cette époque, je ne connaissais pas le bredouillement. Je pensais avoir uniquement un problème de diction alors j’ai foncé dans cette direction durant plusieurs années.

A la recherche de solutions ?

J’ai eu la présence d’esprit d’aller assez rapidement voir une orthophoniste. Malheureusement, cette 1ère rencontre n’a pas été concluante. Bien que très à l’écoute, j’ai eu l’impression qu’elle ne comprenait pas exactement mon problème. Je lui expliquais mes soucis de diction dans les détails mais vu qu’au moment où je lui parlais ma parole était parfaitement fluide, elle pensait que c’était plus lié au stress que j’avais à des moments précis ou que je « grossissais » mon problème. Je ne suis donc pas retourné dans son cabinet et ai cherché d’autres solutions. A la suite de cette expérience, j’ai émis plusieurs hypothèses et testé plusieurs choses plus ou moins concluantes que voici :

HYPOTHESES ACTIONSRESULTATS
Problème de diction– Cours de théâtre et 
développement personnel (6 x 1heure)

-Stage d’art oratoire par le biais du théâtre (2x 7 heures – week end)
Excellent feedback des professeurs. Ils ont mis en avant mes qualités à capter les gens et à présenter les sujets demandés devant les gens. Par contre, pas d’amélioration notable après les cours
TimiditéCours d’improvisation théâtrale (3 mois – 1x par semaine)Cours très ludique mais pas d’amélioration notable. Pas de commentaire particulier des professeurs
Stress– Séance de relaxation avec une professionnelle (6x 1 heure)

– Cours de Yoga (10 x 1 heure)
Très bénéfique. A contribué à avoir un débit de parole plus contrôlé et lent de manière temporaire
Problème de confiance/ blessure ancienne– Hypnose ave une professionnelle (5 x 1 heure)

– Thérapeute en approche systémique (3x 1 heure)
Très bénéfique. A contribué à avoir un débit de parole plus contrôlé et lent de manière temporaire

Toutes ces expériences m’ont été très bénéfiques mais je sentais toujours que je n’avais pas traité le problème en profondeur.   Le plus difficile était que je n’arrivais pas à expliquer et comprendre mon trouble. Lorsque je l’expliquais aux professionnelles que je rencontrais, j’avais à chaque fois une parole fluide et intelligible. Ce qui n’arrangeait pas les choses car ils ne voyaient pas de problème. La plupart, me demandait de noter les moments où cela arrivait afin de mieux comprendre. Tout ce que je savais, c’est que je pouvais être un bon orateur dans les moments formel (présentations, entretiens d’embauche…) et avoir une communication désordonnée dans d’autres.

 La découverte du bredouillement 

C’est seulement début 2018, à 34 ans, que j’ai découvert le bredouillement en lisant un livre sur le bégaiement (“Conseils pour ceux qui bégaient: Les conseils de 28 spécialistes de la parole qui ont surmonté leur propre bégaiement” / Laurent Lagarde– mai 2014).

Je me suis immédiatement reconnu dans les caractéristiques de ce trouble et suis très vite parti à la pêche aux informations sur (site internet & livre). Aujourd’hui, je cherche un spécialiste afin de pouvoir avoir des vrais conseils et une stratégie coordonnée et efficace.

Où est-ce que j’en suis aujourd’hui ?

Ma priorité  aujourd’hui est de trouver des solutions pour ce trouble car j’adorerais prendre plus la parole en public, faire de l’animation ou gérer une équipe avec une parole plus cohérente et intelligible. Une des choses qui m’énerve le plus est cette sensation d’être « simplet » ou « stupide » lorsque je parle avec un vocabulaire pauvre ou que je fais plusieurs fautes de grammaires dans ma phrase. Tout cela me frustre et m’agace très souvent surtout quand je sais que je peux être bon orateur à d’autres moments.

Je vais commencer très prochainement une thérapie avec une orthophoniste. Je me réjouis déjà! Je suis vraiment content d’avoir enfin pu mettre un nom sur ce trouble car ce n’était pas évident. Ce blog, c’est un moyen de faire partager les prochaines étapes de mon bredouillement et de pouvoir aider d’autres personnes qui sont passés par les mêmes moments d’incompréhension que moi. Vous pourrez découvrir d’autres informations sur mon bredouillement dans la partie “Qui sommes nous